Le web3 et la jeunesse éternelle : comment faire pour rajeunir ?

Aurait-on trouvé avec le web3 un élixir de jouvence qui nous permette la jeunesse éternelle ? Si on peut rester jeune dans sa tête comme on l'entend souvent, moi j'aspire surtout à redevenir jeune sur papier.

Hello Web3
5 min ⋅ 14/03/2023


Si la valeur n’attend point le nombre des années, le nombre des années lui, attente à la valeur.
À moins que peut-être, le web3 nous permette une jeunesse éternelle. Qu’en pensez-vous ?
Vous avez 4 heures. 

Je t’écris d’une semaine au cours de laquelle un membre de ma fratrie passe la barre des 50 kilos. Ce qui par déduction te donne une information sur mon propre bagage, qui pèse, soit un peu plus, soit un peu moins de 50 kilos. Et si les compagnies aériennes facturent chaque kilo au dessus de 23, notre société, elle, te laisse tranquille jusqu’à 49 kilos. En revanche, chaque unité supplémentaire coûte beaucoup plus cher. 

Maman j'ai raté l'avionMaman j'ai raté l'avion

“Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable” écrivait Romain Gary en 1975, il y a 48 kilos donc, et son ouvrage se verra bientôt pénalisé, rangé au rang des veilleries inutilisables, illisibles et inutiles. 
Je t’écris d’une époque où je revendique l’anonymisation de l’âge car oui, tu as bien compris, c’est bien d’âgisme dont il s’agit - et de vocabulaire aussi. Anonymisation est un mot qui existe et qui désigne le fait de maintenir l'anonymat, de rendre anonyme. 

Alors que notre ère nous permet de choisir librement notre genre, voire de ne pas le faire figurer sur un acte de naissance, j’émets par la présente la requête formelle d’un droit à l’anonymisation de mon année de naissance, voire même d’un droit à un changement de mon année de naissance. 

Tu vois, on te propose même de "garder la maîtrise". Dont acte. Tu vois, on te propose même de "garder la maîtrise". Dont acte.

Je me rebelle par la même occasion contre les phrases toutes faites dans les médias qui placent l’âge au premier rang de la description d’un être humain. J’ai récemment lu des articles sur Chris Rock, l’animateur de 56 ans, Kylian MBappé, le footballeur de 24 ans, Vanessa Paradis, la chanteuse comédienne de 50 ans ou encore Raquel Welch, décédée à 82 ans. Et je pose la question : qu’est-ce qu’on en a à f…. La question suivante : pourquoi fait-on ça ?

Si tu es un.e lecteur.trice régul.ier.ière des informations sportives, tu auras peut-être constaté une diminution des formules du type, “Anna Kournikova, la belle joueuse de tennis russe” et ce pas seulement parce qu’elle ne joue plus au tennis. Ou parce qu’elle est russe. On évite en effet tout simplement de faire référence à la plastique d’un être humain lorsqu’on en parle. Surtout à propos des femmes. Car on a rarement lu à propos de Yannick Noah “le bel athlète français”. Malgré cette victoire et des progrès somme toute modestes, la lutte contre l’objectification de la femme continue.

Compliment dans le temps, vu sur letemps.chCompliment dans le temps, vu sur letemps.ch
Il aura aussi fallu plus de trois cents ans au peuple de France pour accoucher de l’écriture inclusive, une pratique par ailleurs dénoncée par l’Académie Française et qui n’en finit pas de faire débat en politique. J’ose même pas imaginer comment les politicien.ne.s vont réagir à ma demande d’anonymisation de date de naissance. 

Au tout début de l’ère internet, dans les années 1990, nous étions le plus souvent anonymes. C’est avec l’apparition des réseaux sociaux que tout a basculé. Linkedin en 2002 mais surtout Facebook, en 2006. On s’enthousiasmait à l’époque à l’idée de pouvoir retrouver de vieilles connaissances en saisissant tout simplement leurs prénoms et noms de familles. On n’a pas vu l’ouragan arriver, et pourtant, il est bien passé sur nous. Nous venons de dérouler plus de 15 ans à nourrir de nos données personnelles les algorithmes de ces startups devenues des monstres. Nom, prénom, genre, date de naissance, lieu de naissance, statut matrimonial, ville, quartier, nombre d’enfants, santé, membres de la famille, lieux de villégiature, tout, tout, ils sauront tout sur le bibi. 

"Et voici tout ce qu'il y a à savoir sur Laurent Guérin""Et voici tout ce qu'il y a à savoir sur Laurent Guérin"

Hier, c’était votre banqu.ier.ière qui vous connaissait le mieux. 
Aujourd’hui nous faisons les fortunes des plateformes, services et applications, toutes américaines, sauf TikTok. Facebook est capable de te suggérer comme amie une personne avec laquelle tu as matché sur une application de rencontre en ligne et dont tu connais seulement le prénom. C’est pas très malin. Et comme nous sommes habitués désormais à livrer tout de nous, nous acceptons d’être classés, rangés, catégorisés, notamment en fonction de notre âge. 

Une des promesses du web3 est l’anonymat. Chaque transaction enregistrée dans la blockchain est anonyme, tout en étant publique. La cryptographie étant à la base du système, nos identifiants sont composés d’une suite de 24 à 36 caractères, pas vraiment alignés dans un ordre à former Jean Martin ou Emma Dupont mais plutôt un mot de passe wifi comme 6XeF42BzHHou etc

Cet anonymat peut présenter certains inconvénients dont le principal pour les gouvernements par exemple est la difficulté de retracer les flux d’argent. 
Pour le moment, tu peux encore acheter, spéculer, revendre, des cryptos ou des NFTs sans que personne ne connaisse ton identité. Et donc, pas de “OK boomer” dans le web3 si personne n’a connaissance de ton âge.
Dans les fameux métavers, tout comme dans la majorité des jeux vidéos traditionnels, tu peux te créer une identité complètement fictive, avoir à nouveau 20 ans, changer de genre ou de coupe de cheveux, devenir punk ou ambassadeur, rien de finalement bien nouveau. Excepté l’argent, puisque tu peux te procurer des jetons (des crypto-monnaies) ou des biens numériques (des NFTs). 

Les promesses d’un anonymat total et d’identités imaginaires ne sont-elles pas attrayantes après avoir été excessivement publics sur l’ensemble de la sphère internet et des réseaux sociaux ?
Quelles seront les attentes et les désirs des générations Z et Alpha, nées après 1997 ? Tu vois, moi aussi j’ai fait un classement par âge. Je t’annonce d’ailleurs que je suis né en 1998. Je m’en vais de ce pas en informer ma banque, la mairie, mon assurance vie, mon médecin, Facebook, Linkedin, et bien sûr, Tinder. Quelles seront les conséquences de ce changement sur mes histoires de coeur ? Vous avez 4 heures. 

Anna m'a K...CAnna m'a K...C


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Hello Web3

Hello Web3

Par Laurent Guérin

Un jour, j'ai découvert que j'avais 150 homonymes en France.
J'ai même rencontré un autre Laurent Guérin, à qui j'ai serré la main.
Depuis l'apparition du mail, je reçois régulièrement des devis de carrosserie ou des convocations à des assemblées générales qui ne sont pas destinés.
Peut-être est-ce la raison qui m'a poussé à émigrer à Toronto, en Ontario, une Province du Canada où les baristas de Starbucks paniquent et suent à grosses gouttes quand je leur donne mon prénom.
"Laurent, like Yves-Saint-Laurent" précise-je.
Finalement, je leur dis "Call me Jack".

J'aurais pu choisir Satoshi (fondateur.trice du bitcoin), ou encore Vitalik (créateur de la blockchain Ethereum), mais j'aurais sans doute ajouté à leur inconfort.

Petit, je suis tombé dans la marmite internet. J'ai assisté à la naissance de toutes les toiles. Celles du web 1, du web 2.0 et maintenant du web3.
Je suis aussi tombé dans la marmite de l'écriture, potion magique de l'inspiration. Des poèmes et des chansons. Des articles et des newsletters.

Ma carrière m'a trimballé de la télévision à la musique. De la production à l'entreprenariat. J'ai même été barista dans un café. Parce qu'il me fallait toujours écrire, j'y ai appris à gribouiller les prénoms sur des gobelets en carton.

J'aime aussi la nouveauté et l'innovation, et je me passionne à les expliquer.

C'est ce qui m'a poussé à créer cette newsletter.

Parce que je vous laisserai pas sans comprendre le web3 ;)




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