Tu l’auras lu ici en premier, tu auras eu l’exclusivité, j’aurais eu mon quart d’heure de gloire et on y reviendra dans 10 ans quand tu liras sur la page WikiGPT du mot “BraNFT Content”:
“The term was initially coined by French Web3 consultant Laurent Guérin in a 2023 article of his newsletter HelloWeb3”, je traduis pour tata Simone : c’est bibi qui a inventé le mot BraNFT content.
Le BraNFT content, c’est faire de la publicité pour une marque en faisant croire que l’on fait des NFTs. C’est comme feu le publi-rédactionnel dans un journal, où il s’agissait de faire de la publicité en faisant croire qu’on écrivait un article. Ou feu le brand content, où l’on faisait de la publicité en faisant croire que c’était du contenu intéressant.
Ça ne te surprendra pas, je n’ai jamais été un grand fan de brand content, ce que l’on peut traduire par contenu de marque dans la langue de Molière. Les protagonistes français du contenu de marque ayant décidé de le nommer “brand content”, et non “branded content”, son nom original américain. Pourquoi ? Question de sonorité. Prononcer “branded content” quand on touche pas une bille en anglais, c’est moche et ça peut porter à confusion. "Branded", un mot de deux syllabes, la première syllabe contenant un son de consonne occlusive bilabiale sonore (/b/), suivi d'un son de consonne fricative alvéolaire sourde (/ɹ/), un son de voyelle antérieure non arrondie (/æ/) et un son de consonne occlusive dentale sonore (/nd/).
Ce qui ne se marrie pas très bien avec "content", un mot de deux syllabes, la première syllabe contenant un son de consonne occlusive vélaire sourde (/k/), suivi d'un son de voyelle postérieure non arrondie (/ɒ/) et un son de consonne fricative alvéolaire sourde (/nt/), et la deuxième syllabe contenant un son de voyelle antérieure non arrondie (/ɛ/) et un son de consonne nasale dentale sonore (/nt/).
Si t’as pas tout compris c’est pas grave, retenons juste que branded content est trop dental, alors que brand content est davantage dental gueule.
En un mot comme en mille, le brand content c’est de la pub, et le plus souvent de la mauvaise pub.
À quelques exceptions notables près comme le Guide Michelin ou le sport extrême de Red Bull, dont le saut de l’espace de Félix Baumgartner.
Les pros du pneu
En général, une “opération de brand content” finit toujours par être soit une pub, soit un événement, rarement créatif, ni couronné de succès. Pour celles et ceux qui s’étouffent en lisant cela, pensez à votre marque alimentaire préférée… Bon. Maintenant cherchez des contenus non publicitaires proposés par cette marque… Vous avez ? Non ? Normal.
Et si vous avez, parfois, il vaut mieux oublier. Si par exemple ta marque préférée, c’est Nutella. Et bien j’ai du brand content en tartine pour toi.
C’est l’indigestion, un truc qui me colle encore au corps et qui coule de politiquement correct et de niaiserie.
Le principe du BraNFT content donc, c’est de reproduire les mêmes idioties, mais avec des NFTs.
Là où le brand content nous démontrait qu’une marque ne connaissait pas son public, le BraNFT content te signe l’acte de décès de ta communauté. Ou en fait l’acte de non-naissance.
En effet, même si nous sommes encore pour le moment dans une phase d’exploration dans le web3, l’acquisition de NFTs est cependant motivée en général par les facteurs suivants :
Effectuer une plus-value à la revente
Être fan d’art
Intégrer une communauté et en tirer des bénéfices sous différentes formes
Soutenir un projet
Faire comme tout le monde
C’est pas moi qui le dis ce sont les acheteurs, par voie de sondage.
Les marques devront donc entrer dans une ou plusieurs de ces motivations afin d’envisager un succès de leur stratégie NFT. Certaines semblent avoir un coup d’avance, surtout si elles sont dans le sportswear ou le luxe par exemple, deux domaines qui se sont avérés très compatibles avec la propriété numérique. Adidas, Gucci, Nike, Lacoste, Porsche et d’autres ont lancé des collections NFTs couronnées de succès.
Pour d’autres marques, l’exploration du web3 et des NFTs semble se faire à l’aveugle, à l’aide de guides borgnes qui jettent des petits cailloux blancs dans les vagues, en espérant que quelqu’un marche dessus. Apparemment, on leur a dit que la plage était bondée de touristes aux poches pleines qui dépensaient sans regarder et sans compter, à qui on pouvait refourguer des glaces à l’eau à dix Euros.
Ces marques nous indiquent que leurs NFTs se sont “très bien vendus” et on se croirait jadis, lorsque les agences de publicité se pétaient les bretelles à coup de millions de vues de leur brand content sur Youtube , sans te préciser qu’elles avaient acheté les dites vues avec des vrais sous et qu’il y avait très peu de vrai trafic organique.
Comme avant jadis, lorsque les maisons de disques peu scrupuleuses achetaient elles-mêmes leurs 45 tours pour les placer en tête des ventes, créant ainsi un effet boule de neige, le fameux effet “Allez viens boire un petit coup à la maison”.
Vendeurs d'alcool déguisés en bûcherons canadiens se pétant les bretelles
Pour ta culture générale, “se péter les bretelles” est une expression québécoise qui évoque une personne qui tire sur ses bretelles et les relâche pour attirer l’attention en les faisant claquer. Si cela vous a échappé, brand content commence par les lettres B, R, A, et N et se trouve à deux doigts d’un autre mot utilisé pour dire se péter les bretelles. Et porte bien son nom donc. Non ?
Sauf que web3 rime avec data. NFT rime avec données. Et se péter les bretelles rime avec “me prends pas pour une brêle”. Les transactions de NFTs sont publiques. Consultable par tous. Il est donc très facile de vérifier la santé d’une collection NFT. Les NFTs de Donald Trump ? 45 000 NFTs vendus à 99$ l’unité. Recette de 4.5 millions. Valeur minimum aujourd’hui ? 900$. Plus value potentielle 800%. Les NFTs de Monoprix ? 25% des 180 NFTs n’ont pas été vendus. 98 acheteurs au total. Aucune transaction sur les 3 derniers mois. Le magazine LSA nous livre une analyse intéressante.
Quelques autres collections NFTs ? Carrefour, Pernod Ricard, Le Ballon d’Or, la Fédération Française de Rugby, 20 Minutes, Leader Price, Renault, Evian, le Printemps, Décathlon, j’en passe et des meilleures.
Mais voilà, en France, le brand content, c’était le parent pauvre de la publicité. Comme le web dans les années 90 qui était le parent pauvre de la direction de la communication. Nous voilà donc avec des collections NFTs qui sont les parents pauvres de la relation client.
Pourquoi ne pas prendre les 30 marques préférées des français (l’étude vient tout juste de sont),contacter des agences, des artistes et lancer des collections NFTs ? Créées par des Intelligences Artificielles tant qu’on y est…
Vivier de BraNFT content
Je déconne !!! Pitié ne le faites pas ! La Laitière (Nestlé), qui est donc la marque préférée des français, a déjà fricoté avec l’IA. Je te jure. Ils ont utilisé DALL.E pour “augmenter” le tableau de Vermeer. Résultat ?
Les pros du pot (de yaourt)
Bien sûr, ils ont pensé à remplacer le pain du tableau original par des pots de yaourt hein…
Johannes Vermeer a appelé… Il veut un NFT.