C’est arrivé d’un coup, sans prévenir. Un tsunami, un tremblement de terre, une glissade sur un trottoir verglacé. Un animal domestique et trois lettres aux effluves nauséabondes formant un ensemble qui aurait pu inspirer Serge Bainsbourg -oui j’ai mis un B tu verras pourquoi plus tard- qui aurait écrit : 

C'est ma douleur que je cultive
En frappant ces huit sept lettres-là
Cé Hache Ah et Thé Gé Pé, Gé Pé Té
C'est une fleur bien maladive
Je la touche du bout des doigts
Cé Hache Ah et Thé Gé Pé, Gé Pé Té

L’intelligence artificielle de “Miaou C’est pas moi” est sur toutes les lèvres depuis trois mois. Me dis pas que tu l’as manquée, elle est comme le nez au milieu de la figure. 

Cyranez de Nez-rgerac par Midjour-nez, une IA qui veut pas faire un long nez

Car depuis fin novembre c’est la déferlante du bot, la tornade de l’automation, le gouffre de la paresse, la solution à tous nos maux, qui met des mots sur nos idéaux en moins de temps qu’il n’en faut à Neymar pour se péter les os… de la cheville. L’IA (ou L’AI, n’en déplaise à Laëtitia, avec son E dans l’A), l’IA donc, s’est enfin installée dans nos vies, grâce à la bonté sans aucun doute désintéressée de Microsoft, cette entreprise bienfaitrice de l’humanité qui H O, qui H O comme LNA (la cousine de Laetitia), tant et si bien Qu’L A O T C O, O L N A. Elle a ôté ses hauts, Ô Helena. Tu l’as Michel ? “LNA HO” de Michel Bolnareff. Oui j’ai mis un B tu verras pourquoi plus tard. 

100 millions de personnes ont utilisé Chat GPT en deux mois, et cela en fait le service le plus rapide de l’Ouest, le Speedy Gonza l’Est de l’Orient. Je te le redis doucement. 100 millions d’utilisateurs. En 2 mois. Tu connais Uber ? Il leur a fallu 70 mois avant d’atteindre 100 millions d’utilisateurs. 

Le félin qui sent mauvais (“smelly cat, smelly cat”) a franchi la barre du million d’utilisateurs en 5 jours. Ça a pris 12 mois pour Facebook. Tel Mozart ou MBappé, nous sommes dans des records de précocité. Et surtout, surtout, c’est la première fois en 47 ans que Microsoft réussit un lancement de produit !! Et ça y’a pas à dire, c’est très précoce. 

Chat qui a pété

Soudainement l’intelligence artificielle est partout donc, les experts fleurissent et le serpent se mord la queue. Des gurus de la vente ont développé des formations à l’intelligence artificielle à l’aide d’une intelligence artificielle, et te les vendent grâce à de l’intelligence artificielle, qui elle-même craque l’algorithme des réseaux sociaux comme Linkedin, qui étaient juste un tout petit peu artificiellement intelligents mais pas assez, et qui te génèrent toutes seules des pubs sur lesquelles tu vas cliquer. À moins que tu ne te fasses coder par une intelligence artificielle un programme spécial qui empêche à la souris de cliquer sur des pubs ayant été générées par des intelligences artificielles. Tu suis Billy? Kafka au 21ème siècle.

Comme si l’on se réveillait d’un cauchemar atroce en se rendant compte qu’il y a de l’oxygène partout -avec un peu de CO2 il est vrai mais ce n’est pas le propos- le monde prend soudainement conscience que l’intelligence artificielle est omniprésente. Et le monde a peur. Très peur. TRÈS TRÈS PEUR.

Les enseignants ne lisent plus que des thèses écrites par Chat GPT, les magazines littéraire croulent sous les articles du félin qui pue, les consultants consultent Miou-Miou pour faire leurs poilleur points, les humains les plus intelligents créent des programmes identifiant du contenu créé par l’intelligence artificielle, encourageant ainsi les universitaires à passer les thèses dans la moulinette d’un anti-GPT, afin de contrer l’antisèche moderne que représente l’intelligence artificielle. Absurde.

Tout est impacté. Les mots, les images, les photos, les idées, les modèles économiques, ta to-do list, l’écriture, la gestion de projet, l’éducation, le service client, la publicité, le voyage, le tourisme, l’investissement, la bourse, et bien sûr… les NFTs. 

Car s’il fallait jusqu’à présent un bac +17 pour fabriquer un NFT, comprendre comment ça marche et le mettre en vente sur des places de marché, Binance, le géant de l’investissement crypto vient de nous sortir Bicasso, une application intelligente artificielle qui crée des NFTs toute seule. 

“Nommée Bicasso, l’IA permettra aux utilisateurs de matérialiser leur créativité et d’obtenir un NFT en seulement quelques clics.” nous informe-t-on.

Bicasso ? Il est bas là. Il est balade.

Bicasso de Binance, tu vois le tableau, Pablo ?

Je te prédis bientôt Can Gogh du Crédit Agricole, un service pour impressionner (ha ha !) tes amis avec tes investissements. 
Dembrandt, de Danone, et ton corps renaît (ha ha 2 !)
Fali, de Facebook, une nouvelle interface surréaliste du réseau social déjà pas mal irréel.
Ou encore Tozart de Twitter, une déclinaison très tendance qui transforme tes tweets en notes de musique. 
Mention spéciale à Slvis de Spotify, que l’on prononcera Selvis, un service Soie du Sock inspiré par le Roi du Rock qui fabriquera des chaussettes en soie. De morue. La soie de morue. 

 Maintenant que tu me connais un peu plus, devine ce que j’ai fait…

Je me suis demandé ceci : “La société Binance peut-elle utiliser Bicasso comme marque ?”

À quel expert en droit pourrais-je demander une chose pareille… Un.e expert.e qui serait disponible là maintenant, immédiatement, et qui aurait une bonne compréhension du domaine légal, du droit d’auteur et de la contrefaçon ? 

Je pourrais lui poser une question du genre : “Un service fourni par une entreprise très connue a choisi "Bicasso" pour nom. Cela fait évidemment référence à Pablo Picasso, le célèbre peintre. Sur la base de ce que vous savez dans le domaine juridique, sur la base de violations du droit d'auteur ayant eu lieu dans le passé, ou de toute autre décision de justice qui à trait à la contrefaçon, comment conseilleriez-vous cette société ?”

Chat qui pète (dessiné par une intelligence artificielle)

Une intelligence artificielle bien sûr ! J’ai posé ma question à Chat GPT. En anglais. Parce que les cerveaux artificiels apparemment fonctionnent mieux en anglais. Après m’avoir donné les avertissements usuels comme quoi il.elle ne peut pas faire le boulot d’un avocat ni faire des conclusions juridiques, voilà la réponse obtenue : 

“L'utilisation d'un nom, tel que "Bicasso", qui est similaire ou identique au nom d'un artiste bien connu, tel que Pablo Picasso, peut potentiellement enfreindre les droits de marque. Il y a contrefaçon de marque lorsqu'une partie utilise une marque susceptible de prêter à confusion avec la marque d'une autre partie, entraînant un risque de confusion pour le consommateur.

Dans le cas de "Bicasso", la similitude entre le nom et le nom de l'artiste célèbre pourrait potentiellement créer une confusion chez les consommateurs [...] cela pourrait entraîner une contrefaçon de marque et une action en justice potentielle”.

Tu vas voir qu’il y aura des gens artificiellement intelligents qui vont acheter à prix d’or des NFTs de Bicasso en pensant se procurer une toile de maître.

Tu vas voir qu’on va apprendre que Binance a versé des dizaines de millions de dollars aux héritiers Picasso (regroupés dans une fondation) comme Citroën l’avait fait en 1999 pour exploiter le nom de l’artiste espagnol.

D’ici à ce qu’on nous vende un NFT d’une Bitroën Bicasso il n’y a qu’un pas. Le monde est glauque et ça s’écrit GLLOQ mon ami, comme le chantait si bien Alain Bouchon.

L’intelligence artificielle va devenir un outil incroyable et transforme déjà tout sur son passage. Comme toujours, gardons notre intelligence authentique et notre esprit critique afin de faire avancer la technologie dans le bon sens, histoire que Cyrano ne puisse s’exprimer au sujet de Chat GPT :

Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !