"Le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne" disait Gary Lineker en 1990. En 2022, le football se joue surtout en dehors des stades. Le web3 est utilisé pour soutirer toujours plus d'oseille aux fans. Les joueurs font Bling-Bling quand tu les secoues et à la fin, c'est l'Indécence qui gagne.
La plateforme d’achat de cryptomonnaies Binance vient de lancer la commercialisation d’une collection de NFT à l’effigie de Cristiano Ronaldo, ce footballeur qui ne joue presque plus mais qui en revanche continue à vendre tout un paquet de trucs. On trouve sur son site internet des lunettes, des pompes, des caleçons moule-bite, des parfums, des gels douches, des après-rasage, des déodorants…. Le tout présenté et porté par un mannequin unique : lui-même. Le mec étant un métavers à lui tout-seul - ou un supermarché- normal donc qu’il ait fini par se métamorphoser en NFT.
NFT qu’il promeut activement auprès de ses fans sur Twitter et sur Instagram. Avec 104 millions de followers sur Twitter, CR7, comme il s’appelle aussi, occupe la 6ème place -et pas la septième c’est dommage- des personnes les plus suivies au monde après Barack Obama, Elon Musk, Justin Bieber, Katy Perry et Rihanna. Sur Instagram, il est number one avec 500 millions de followers. Ça fait beaucoup de clients potentiels pour 6645 NFT si j’ai bien compté, pour un chiffre d’affaires estimé à un million d’euros, si je me suis pas trompé. C’est pas grand chose tu vas me dire pour un homme sandwich aux tablettes de chocolat qui gagnerait plus de 100 millions par an, mais dont il m’est interdit de dire du mal sous peine de réduire à néant le peu d’innocence qu’il reste à mon enfant, 11 ans, qui joue au foot en rêvant… de… devenir… un jour…
Cristiano Ronaldo, qui collectionne aussi les melons d’or, les Ballons d’Or, cette récompense individuelle de football tant convoitée, 5 au total. Seul Lionel Messi a fait mieux avec 7 Ballons d’Or.
Messi a lui aussi, son site. Si.
Dans le genre melon d’or, le site web de Lionel, c’est messi.com, rien à voir avec Jésus malgré tout, et la boutique de Lionel, themessistore.com, rien à voir avec mes soeurs, sur lequel il vend des sweats, des polos des pantalons, des vestes, des t-shirts, des shorts, des survets, des tatouages, des porte-clés, et des tapis, oui je te jure, des tapis, Bernard. Marchand de tapis il est Messi.
Mais Sur le web3, on peut quand même dire qu’il avait un coup d’avance. Il a créé des NFTs à son effigie dès 2021, créant le Messiverse, il a pris 20 patates pour devenir ambassadeur de socios.com, une entreprise basée à Malte (tiens, tiens) qui crée des tokens pour les plus grands clubs de sport du monde. Fin octobre 2022, il a également signé un partenariat avec Bidget, un habile croisement entre Budget et bidet, mais surtout une plateforme d’achat et de vente de cryptomonnaies, qui n’est pas FTX. On peut dire qu’il a eu le nez creux Lionel… Le MessiPif, sans doute.
Mais c’est pas fini, le milieu de terrain du Paris-Saint-Germain a récemment investi dans Sorare, une licorne française qui propose un jeu blockchain de simulation de football, dans lequel tu achètes des cartes de joueurs sous forme de NFTs. Que personne ne s’inquiète pour le patrimoine financier du lutin argentin, si Sorare nous indique qu’il est devenu “investisseur” dans la société, ce n’est bien entendu pas de cash dont on parle. Leo prête son image, donne son temps et obtient en échange un pourcentage de l’entreprise.
Kylian M'Bappé l’avait précédé en devenant ambassadeur et investisseur de Sorare en juin dernier.
Nos trois stars planétaires ont-elles une appétence particulière pour le web3 alors ? Point du tout. Plutôt une appétence pour la défiscalisation. Pour rester poli. Et oui, quand on gagne des millions d’euros sur le dos des millions de marmots, c’est tentant de dissimuler ses revenus. Messi s’est déjà fait serré en Espagne pour fraude fiscale et a du débourser 5 millions qu’il a échangés contre 21 mois de prison pour lui et 15 mois pour son père. Sacrée justice. Ronaldo a échappé à 23 mois de prison en allongeant 20 millions, pour une fois il a battu Messi. On n’a rien à reprocher à M'Bappé… pour l’instant j’ai envie de dire, mais il est encore jeune par rapport à nos vieux loups du ballon rond et de la finance. Une chose est sûre, le gouvernement français est bien content qu’il soit resté à Paris et qu’il paye ses impôts en France.
Kylian lui d’ailleurs, c’est pas les tapis qu’il vend sur son site mais plutôt les képis. Enfin, presque. Tu trouveras sur kylianmbappe.com une belle collection de casquettes, mais aussi des t-shirts, des shorts, des crampons, des ballons, une bande-dessinée, oui, une BD, et des PT… Des protège-tibias. Essentiel pour… lire des BD. Kylian n’a pas encore annoncé de collection NFT à son nom mais mon petit doigt me dit que ça ne saurait tarder.
Enfin, Si la carrière de Karim Benzema a été émaillée par la fameuse affaire de la sextape -qui lui a valu une condamnation pour complicité de chantage- le Ballon d’Or 2022 paye une grande partie de ses impôts en France, n’a pas de sites web avec des lunettes ou des caleçons, pas de collection NFT à son nom et pas d’invetissement dans des boîtes cryptos. On dirait que le gars est vraiment footballeur, même s’il a fait un stage dans le chantage.
Terminons ce tour d’horizon par les entreprises. La FIFA et Panini nous ont réinventé les collections à coups de NFTs. Nike et Adidas se tirent la bourre à qui sera l’équipementier officiel du web3. Avec le lancement de sa plateforme Swoosh, spécialisée dans les digital collectibles (les objets de collection numériques) et de biens virtuels, l’américain semble avoir un coup d’avance. Les collections de NFT les plus célèbres sont de la partie Coupe du Monde, un Bored Ape est présent dans la pub Adidas, Cool Cats lance une collection spéciale de NFT appelée Cool Cats Football Club, un des stades de la Coupe du Monde a été reproduit dans le métavers Upland afin d’organiser des événements, des rencontres et des discussions entre fans, les initiatives web3 et NFT se comptent par centaines.
Les marketers du monde entier sont sur le coup, la coupe du monde de foot étant l’événement sportif le plus suivi sur la planète, et je dois dire qu’on s’éloigne à grande vitesse de la promesse de décentralisation et d’indépendance financière du web3. C’est même plutôt le contraire. Les oeufs en or de la poule football ne cessent de grossir et pourtant, c’est aux supporters qu’ils font le plus mal.
Allez, on se quitte bon joueur, 45% des joueurs professionnels gagneraient moins de 1.000 euros par mois selon Statista (sur 16.000 joueurs interrogés, dans 62 pays), va falloir que je parle avec mon fils.
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