Métaverge dans le métaverse

Paris serait une ville formidable, s'il n'y avait pas les parisiens. Même chose pour le métaverse, qui serait un endroit prometteur s'il n'y avait pas les sexes masculins. Viols d'avatars et harcèlement sexuel y sont fréquents, malgré des précautions qui peuvent sembler étonnantes.

Hello Web3
6 min ⋅ 20/06/2022

Il fallait bien que ça arrive, des avatars ont violé d’autres avatars dans le métaverse. La dernière attaque a eu lieu dans Horizon World, le métaverse de Meta, anciennement connu sous le nom de Facebook. Et pourtant, le grand Zuck avait pris des précautions. En effet, sache que les avatars dans le métaverse de Facebook ne possèdent rien en dessous de la ceinture. Un peu comme les poupées ? En fait plutôt comme des Barbie et des Big Jim, auxquels tu aurais arraché les jambes et le bassin. Pas de fesses, pas de sexe, pas de jambes et pas de pieds. En gros, ce sont des troncs qui flottent dans l’espace, surmontés d’une tête.  Des grosses allumettes quoi. “C'est pas possible” me souffle mon fils. Si.

Meta jupe, Ah ben non, tu peux pas. Meta jupe, Ah ben non, tu peux pas.

Si tu crois qu’ils ont pas fait le corps parce qu’ils savent pas dessiner les jambes, t’as faux Hugo. Comme me l’expliquait récemment l’artiste Yann Minh -qui a passé deux ans en immersion dans le jeu Second Life il y a 15 ans - “si y’a pas de bas, c’est pour éviter les dérives sexuelles”. Pas de bras, pas de chocolat. Pas de guiboles, pas de gaudriole. J’avoue. Si tu dessines un personnage sans mains, personne ne va lui mettre des gants. Bah en fait si. Preuve que derrière les images bucoliques de Horizon World se situant à la croisée des Bisounours et des Barbapapas, on trouve toujours la même chienlit : le pire de l’espèce humaine. Une chercheuse en univers virtuels a récemment relaté le viol de son avatar dans Horizon World. Et ce n’est pas la première fois. Il y a quelques mois, c’était une autre chercheuse qui dénonçait le viol en bande organisé de son avatar. Nina Jane Patel raconte :

Son récit a généré de nombreux témoignages, dont une personne qui lui dit “On voit que t’as jamais joué à Fortnite”. Je pose ça là si tu as des enfants qui y jouent. Tu peux toujours décider de leur retirer le manche. “Il se passe des choses bien pires dans les cours d’école” écrit un troll en commentaire de l’article. Tu peux toujours retirer tes enfants de l’école. Ah non.

Déjà en 2007, à l’apogée du succès du jeu Second Life, une étude sur les interactions sexuelles dans le jeu commençait ainsi : “Quiconque prête la moindre attention aux mondes virtuels sait que le sexe y tient une part majeure en particulier les sexualités fétichistes, comme le le cyberstrip et les escortes, le sexe à fourrure (sexe entre avatars humanoïdes-animaux), et le BDSM (wikipedia si tu sais pas). Le sexe dans le monde virtuel est omniprésent, apparaissant aussi de manière fantasmée dans les jeux commerciaux tels que World of Warcraft.” L’utilisation ici du terme “de manière fantasmée” signifie en gros que les personnages féminins dans le jeu ont pas coûté cher en tissu. Ou en métal.

Thelma et LouiseThelma et Louise

Je te mets le haut, ça te donne une idée. C’est pas dans ce domaine qu’on fera reculer l’objectification des femmes. Dans une étude de 2018 exécutée sur 600 joueuses et joueurs dans les univers virtuels, 49% des femmes ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel (attouchements de leurs avatars, filatures, remarques sexistes, sifflements, envoi de photos non sollicitées, etc).

Suite à une série d’articles employant le mot “viol” et mettant en cause Horizon World, la question que je me suis posée en démarrant cet article était la suivante : peut-on être violée dans le métaverse ? La réponse est non. Il s’agit d’un viol d’avatar. Qui reste une attaque à caractère sexuel. Peut-on être victime de harcèlement sexuel ? La réponse est oui. “Et alors ? C’est virtuel !” écrivent les trolls. Alors, une étude de 2019 démontre que les personnes victimes de harcèlement en ligne font souvent état de perturbations dans leur vie hors-ligne, notamment une détresse émotionnelle et physique. Selon Eveline Le-Calvez, professeure associée à l’École des médias de l’UQAM (au Canada)

“dans la réalité virtuelle, c’est tout le corps qui fait office d’interface. Au niveau subconscient, https://pivot.quebec/2022/05/11/le-metavers-nechappe-pas-aux-violences-sexuelles/le cerveau ne fait entre le monde réel et la réalité virtuelle”.

Une étude de Stanford confirme, et a même montré que les jeunes enfants sont parfois incapables de faire la distinction entre la réalité virtuelle et la réalité, pouvant ainsi créer de « faux souvenirs ». Ainsi 50% des enfants qui ont nagé avec des baleines en réalité virtuelle pensaient que l'expérience était réelle. Les femmes elles, côtoient bel et bien des porcs.

“Elles ont qu’à éteindre l’ordinateur” insistent nos porcs trolls. Nous y voilà donc. Le fameux “Elles ont qu’à pas s’habiller comme ça”. Autrement dit, sous prétexte que l’on peut s’échapper plus facilement d’un monde virtuel que d’un monde réel, on pourrait tolérer viols d’avatars, harcèlements, et insultes. Le tout exacerbé par un anonymat total derrière un écran et un univers (les jeux vidéo) où l’on compte 80% d’hommes. Ce qui fait dire au journal Metro UK: “le métaverse n’est pas fait pour les femmes”.

En effet. Les grosses boîtes technos (ainsi que les grandes agences et la plupart des grands groupes) sont dirigées par des hommes. Les solutions au harcèlement sont pensées par des hommes. Les outils de modération sont développés par des hommes et pas très efficaces. En plus de faire une plus grande place aux femmes, on pourrait également éduquer les hommes. Ou sinon, on fait comme avec les Big Jim, on leur arrache les parties basses.

Le mot de la fin revient à ma fille de 15 ans : “C’est fou ça, on a créé des mondes virtuels mais on y a laissé nos erreurs et notre bazar”.

Allez, on se quitte sans avatar, on se kiffe en réel, pas en virtuel, on se respecte et on fait un partage là, en bas 👇👇👇

Hello Web3

Par Laurent Guérin

Un jour, j'ai découvert que j'avais 150 homonymes en France.
J'ai même rencontré un autre Laurent Guérin, à qui j'ai serré la main.
Depuis l'apparition du mail, je reçois régulièrement des devis de carrosserie ou des convocations à des assemblées générales qui ne sont pas destinés.
Peut-être est-ce la raison qui m'a poussé à émigrer à Toronto, en Ontario, une Province du Canada où les baristas de Starbucks paniquent et suent à grosses gouttes quand je leur donne mon prénom.
"Laurent, like Yves-Saint-Laurent" précise-je.
Finalement, je leur dis "Call me Jack".

J'aurais pu choisir Satoshi (fondateur.trice du bitcoin), ou encore Vitalik (créateur de la blockchain Ethereum), mais j'aurais sans doute ajouté à leur inconfort.

Petit, je suis tombé dans la marmite internet. J'ai assisté à la naissance de toutes les toiles. Celles du web 1, du web 2.0 et maintenant du web3.
Je suis aussi tombé dans la marmite de l'écriture, potion magique de l'inspiration. Des poèmes et des chansons. Des articles et des newsletters.

Ma carrière m'a trimballé de la télévision à la musique. De la production à l'entreprenariat. J'ai même été barista dans un café. Parce qu'il me fallait toujours écrire, j'y ai appris à gribouiller les prénoms sur des gobelets en carton.

J'aime aussi la nouveauté et l'innovation, et je me passionne à les expliquer.

C'est ce qui m'a poussé à créer cette newsletter.

Parce que je vous laisserai pas sans comprendre le web3 ;)




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