Veni, Vidi, WC : un coup dans l’eau pour le Festival du métaverse à Venise

La magie des canaux, des gondoles et la poésie d'une ville sur l'eau ont valu à Venise d'être nommée la ville de l'amour. Foutaises ! La population de la ville se réduit comme une peau de chagrin, il est impossible d'y commander un Uber pour rentrer chez soi et en plus, la clim est en panne dans le métaverse.

Hello Web3
7 min ⋅ 06/09/2022

Venise, 4 août 2022, 17h23 et 34 degrés à l’ombre.

C’est dans un contexte de pur masochisme que j’ai décidé cet été d’emmener mes enfants en plein cœur de la lagune italienne pour une semaine de haute culture avec leurs grands-parents. L’eau est partout mais on ne peut se baigner nulle part. On suffoque à bord des Vaporetti, sans doute les seuls endroits au monde où il est encore obligatoire de porter un masque.

Apnée du soleilApnée du soleil

Venise centre historique, ville morte, qui se vide un peu plus chaque année de ses habitants. Ils sont désormais moins de 50,000 à résister aux touristes envahisseurs. 25,000 personnes de moins qu’il y a 30 ans, un exode qui désole le site Venessia.com, qui souhaite endiguer la décrue et qui tient un décompte en temps réel des habitants de la ville. La barre des 49,999 habitants a été franchie le 12 août 2022. Et C’était pas nous, on a quitté Venise le 7 août.

Chérie j'ai rétréci VeniseChérie j'ai rétréci Venise

Mais à ce rythme là, la ville qui n’est déjà depuis longtemps plus qu’un musée, risque de se transformer définitivement en un parc à thème, le “VeniceLand", depuis longtemps caricaturé par les auteurs du site susnommé, qui se battent pour rendre son âme à la ville qui fut la plaque tournante du commerce et la plus grande puissance navale au XVème siècle. Manquerait plus que Donald rachète le parc à thème et l’estampille de son slogan préféré : “Make Venice great again”.

Mickey 3DMickey 3D

Et si Disneyland possède sa parade électrique quotidienne, Venise organise tous les ans depuis plus de 120 ans sa manifestation d'art contemporain, de théâtre, de danse, de musique, d'architecture et de cinéma : La Biennale de Venise, considérée comme une des plus prestigieuses manifestations artistiques d'Europe. Si t’as déjà entendu parler de la Mostra de Venise et de ses Lions d’Or, ça fait partie de la Biennale. La jeune actrice française Catherine Deneuve y a d’ailleurs reçu cette année un Lion d’or d’honneur.

Catherine Pas NeuveCatherine Pas Neuve

Ce jeudi 4 août donc, c’est la Biennale et nous arpentons les Giardini de Venise, qui abritent les fameux pavillons des multiples pays, abritant eux-mêmes des créations d’Art Contemporain, qui abritent à leur tour… nos doutes et interrogations. Car si l’Art Contemporain a cette réputation d’être inaccessible, ce n’est rien comparé à ce qui nous attend. Nous marchons en effet ensuite jusqu’à l’Arsenal de Venise, jadis la plus grande usine du monde, et traversons les immenses bâtiments devenus des halls d’exposition.

“Dis donc, tu viens plus aux soirées ?”“Dis donc, tu viens plus aux soirées ?”

Des centaines d'œuvres y ont pris place. On ne voit littéralement pas le bout du tunnel. Imagine tous les Ikeas du monde à la suite les uns des autres, avec des tableaux et des sculptures à la place des cuisines. Ça fait cet effet. Tels de vaillants candidats dans Fort Boyard, nous finissons par trouver une sortie dérobée et une voiturette électrique qui nous ramène gentiment jusqu’au milieu de nulle part. L’odomètre indique 10 kilomètres sur la journée, l’odeurmètre nous dit que c’est l’heure de la douche. Sauf qu’il faut encore rentrer. Et qu’on est perdus. Là👇

Station UberStation Uber

Nous traversons donc un bâtiment afin d’atteindre la station de Vaporetto. Et là, oui, là... t’as bien deviné. Telle une oasis au milieu d’un désert de flotte… Se tient…

GEnki se foutent pas mal de notre gueuleGEnki se foutent pas mal de notre gueule

Le premier “Annual Metaverse Art @ Venice” ! Pire que Brice de Nice. Une enfilade de salles minuscules dans lesquelles il fait 45 degrés. “La clim est en panne” m’informe le pauvre étudiant qui a décroché ce job d’été. Chaque salle est consacrée à un thème incompréhensible et à bien y regarder, la supercherie le machin semble organisé par deux universités vénitiennes et une dizaine d’établissements chinois, TikTok et les CryptoPunks figurant mystérieusement parmi les partenaires.

À titre d’exemple, une salle est consacrée à “Symbiosis Future”, je te colle juste deux bouts de la description :

Le monde physique, le monde numérique et le monde vivant construisent un monde ternaire avec la symbiose comme idéal. Créer un monde numérique basé sur le métaverse est un pont entre le monde physique et le monde vivant, ainsi qu'un moyen de reconnaître le code source de la vie et de l'univers. Le métaverse n'est pas seulement un monde virtuel, il sera profondément enchevêtré avec le monde physique, formant une sorte d'expérience de survie de symbiose virtuelle-réelle.
Symbiosis Future utilise la fusion de l'art et de la technologie pour inspirer des expériences artistiques avec la participation du public. Les artistes participants et le public ont discuté de la possibilité d'une symbiose virtuelle-réelle, d'une symbiose homme-machine et d'une symbiose de toutes choses de différentes dimensions, et ont exprimé l'idéal d'imaginer, d'exprimer et de façonner l'avenir avec la tolérance comme geste et la symbiose comme consensus.

Concours d'affiches mochesConcours d'affiches moches

Le tout est horriblement bâclé, jusqu'à la signalétique, inexistante. Seule une flèche verte au sol pointe vers le bâtiment. Inutile de te préciser que nous sommes les seuls visiteurs. On n’a même pas fait exprès de venir, on veut juste rentrer chez nous. “T’en penses quoi ?” demande-je à mon fils. “C’est où les WC ? J'ai envie de faire pipi” me répond-il.

Passage secret, que vraiment personne ne connaîtPassage secret, que vraiment personne ne connaît

Bien sûr je sais ce qu’il se passe : il faut prendre la place ! “La prime au premier entrant” entend-on souvent. Ce mot métaverse étant utilisé à toutes les sauces, il ne faut pas surtout rater le train. Surtout s’il passe par Venise et sa Biennale. Quitte à se retrouver relégué au bout de la lagune, sans public et sans clim aucune. Au moins les communicants pourront dire “On était les premiers, à l’époque, à faire un Festival du Métaverse, mon pote !” Quant à moi, je pourrai dire que j’y étais et que du métaverse de Venise j’ai même visité l’endroit où l’on Pise. Veni, Vidi, WC !

Mais de Venise, qui sera le dernier parti ? Dans le métaverse, qui sera le premier arrivé ?

Ainsi, lorsque les uns se battent dans le vide pour qu’une ville survive, les autres brassent de l’air pour qu’un concept émerge.

Allez, on se quitte en se disant que ce n'est qu'un "arrivederci", qu'on a voulu voir Venise et qu'on ira voir Vesoul l'année prochaine, pour assister -qui sait- au premier concours international de Cryptoboules.

Les fameuses cryptoboules de VesoulLes fameuses cryptoboules de Vesoul

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Par Laurent Guérin

Un jour, j'ai découvert que j'avais 150 homonymes en France.
J'ai même rencontré un autre Laurent Guérin, à qui j'ai serré la main.
Depuis l'apparition du mail, je reçois régulièrement des devis de carrosserie ou des convocations à des assemblées générales qui ne sont pas destinés.
Peut-être est-ce la raison qui m'a poussé à émigrer à Toronto, en Ontario, une Province du Canada où les baristas de Starbucks paniquent et suent à grosses gouttes quand je leur donne mon prénom.
"Laurent, like Yves-Saint-Laurent" précise-je.
Finalement, je leur dis "Call me Jack".

J'aurais pu choisir Satoshi (fondateur.trice du bitcoin), ou encore Vitalik (créateur de la blockchain Ethereum), mais j'aurais sans doute ajouté à leur inconfort.

Petit, je suis tombé dans la marmite internet. J'ai assisté à la naissance de toutes les toiles. Celles du web 1, du web 2.0 et maintenant du web3.
Je suis aussi tombé dans la marmite de l'écriture, potion magique de l'inspiration. Des poèmes et des chansons. Des articles et des newsletters.

Ma carrière m'a trimballé de la télévision à la musique. De la production à l'entreprenariat. J'ai même été barista dans un café. Parce qu'il me fallait toujours écrire, j'y ai appris à gribouiller les prénoms sur des gobelets en carton.

J'aime aussi la nouveauté et l'innovation, et je me passionne à les expliquer.

C'est ce qui m'a poussé à créer cette newsletter.

Parce que je vous laisserai pas sans comprendre le web3 ;)




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